Margaux Dodard définit son travail comme une recherche à propos de la transfiguration du quotidien vers une abstraction poétique et décalée.
Contempler le réel, en extraire des ombres, des couleurs, des sensations et des formes pour n’en garder qu’une essence indéfinie, est le point central de sa réflexion.
Les couleurs et les gestes qu’elle emploie constituent la matière picturale utile à l’élaboration de témoins sensibles de divers lieux communs, desquels elle parvient à se projeter au-delà de leur banalité la plus totale.
Le haïku, forme de poésie japonaise, illustre bien cette volonté. Cette forme d’écriture, qu’elle expérimente, réside dans la faculté de saisir le présent en quelques mots.
Le haïku est bref. Il convie à sa lecture, tous les sens, permettant à notre esprit de créer de manière spontanée une image mentale. A l’image du haïku, le travail de Margaux Dodard, propose au spectateur une interprétation des couleurs et des formes qui lui est propre, suscitant chez lui de nouvelles sensations.
La peinture est désormais au-delà du mur. Des jeux de perception s’opèrent à travers les installations translucides. Les formes et les couleurs se confondent et se superposent.
Enveloppé au sein de ce décor mouvant, presque théâtral, le spectateur est invité au cours de sa déambulation à traverser les compositions et les matières.
Cette recherche esthétique et picturale dénuée de représentations directes découle de l’intérêt de l’artiste pour la peinture en tant que peinture.
Françoise Pétrovitch parle d’état de surface. Ce qui intéresse Margaux Dodard, c’est le constat d’une situation, d’un état de la situation. La peinture est un état de surface, de la surface peinte au moment où elle est peinte. Il est question d’un ensemble de mouvements, d’actions en direct, de peinture fraîche. De questionnements à propos du geste à peindre, de traits, de formes, de couleurs à adopter. Une fois terminée, il ne reste de la peinture que ce qui s’est imposé.
Ces questionnements réemployés à travers d’autres médiums, tels que l’image imprimée, le textile ou encore la céramique, donnent lieu à d’autres formes de peinture dans l’espace. Les œuvres de Margaux Dodard offrent un panel de combinaisons et de possibilités relevant de ce que l’on pourrait appeler le sensible.
Du petit, de l’inframince, de l’imperceptible.
Blanche Taddei